La véritable maison normande se trouve dans la Vallée d'Auge et dans le pays de Caux. Lorsque le train qui file vers Caen a dépassé Bernay, le paysage change : aux champs labourés de l'Ile-de-France, aux forêts du Vexin, succèdent de gras pâturages sillonnés de rivières et plantés de pommiers ; la verdure la plus intense se développe dans des terrains d'alluvions, au sous-sol marneux, où la pierre fait absolument défaut. C'est là, dans ce pays où les ouvriers durent se plier aux nécessités de la situation, qu'il faut suivre l'entier développement de cette architecture, qui n'a pas pris naissance en cet endroit, mais qui, forcément, subit certaines modifications imposées par le manque absolu de matériaux de première nécessité. (...) C'est à peine si, dans ce coin de la Normandie, les fondements s'élèvent au-dessus de terre, à la hauteur nécessaire pour préserver la filière de l'humidité. La maison dès lors devient une véritable cage, démontable, transportable, et plusieurs habitations déplacées de nos jours, par leurs propriétaires, ont mis dans la suite les archéologues dans un grand embarras.
Fernand de Mély, Maisons Normandes II
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